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Du lavandin au milieu des blés de la Beauce

La Société coopérative agricole d’Eure-et-Loir (Scael) extrait cet été sa première cuvée d’huile essentielle de lavandin. Une quarantaine de céréaliers sont impliqués.

Par Stéphane Frachet

Le 12 août 2022 à 09h00

Un léger parfum de lavande emplit les rues d’Orgères-en-Beauce (Eure-et-Loir) en ce milieu d’été. Sur le côté des impressionnants silos de grains en métal rouillé et du séchoir à maïs, une petite distillerie flambant neuve laisse échapper de la vapeur odorante. « On refroidit à l’eau froide l’huile essentielle qui a été extraite du lavandin à 160° », montre Emmanuel Morin, technicien à la Scael (Société coopérative agricole d’Eure-et-Loir), en charge de cette nouvelle filière.

Le lavandin, un cousin de la lavande, pousse désormais au milieu des champs de céréales de la Beauce. « Lorsqu’il était en pleine floraison, les gens du coin et les touristes s’arrêtaient pour prendre des photos. J’ai même vu une dizaine d’Asiatiques au milieu d’un champ, ils étaient comme envoûtés par le paysage », s’amuse Emmanuel Morin.

Le réchauffement climatique n’est pas la raison pour laquelle la Scael a planté cette fleur en Beauce. « J’ai déjà étudié cette diversification il y a vingt ans. Ce qu’il manquait, c’est un outil de transformation et seul, ce n’était pas viable », assure Boris Venot, qui exploite 400 ha à Loigny-la-Bataille, dont 20 de lavandin. Une quarantaine de ses collègues ont suivi. Dès l’an prochain, ils auront planté 550 ha.

« Cette fleur odorante ne requiert aucun arrosage et ne prend pas de maladies »

Boris Venot, qui exploite 20 hectares de lavandin à Loigny-la-Bataille

Boris Venot a décelé plusieurs atouts à cette fleur odorante. « Elle est rustique, elle ne requiert aucun arrosage, elle aime bien les terres caillouteuses que les autres plantes aiment moins. Et elle ne prend pas de maladies », résume l’exploitant, qui économise ainsi son temps et son argent. Autre intérêt : les insectes sont plus nombreux. « Cela contribue à la pollinisation de toutes les plantes. L’un d’entre nous se lance d’ailleurs dans le miel », ajoute-t-il.

Diversification des cultures et des revenus

Dans son petit bâtiment industriel de 400 m2 mis en service au début de l’été, la Scael a investi un million d’euros, dont 200000 euros apportés par le plan de relance. « Les agriculteurs sont à la recherche de diversification pour leur exploitation : diversification des cultures et diversification des revenus. On peut considérer qu’un hectare de lavandin équivaut à un hectare de blé », estime Jean-Sébastien Loyer, directeur général de la Scael.

La Scael va vendre cette première production, une vingtaine de tonnes d’huile essentielle de lavandin, à un autre distributeur. Le lavandin de Beauce rejoindra les parfums et arômes à base de lavande dont se servent les industriels de la lessive et des produits d’hygiène. Actuellement, la France importe la majeure partie de son lavandin de Bulgarie.

Source : Le Parisien

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